Печатается по изданию: P. Antoine Lambrechts.
Les contacts entre l'Eglise orthodoxe russe
et le Monastиre d'Amay-Chevetogne
(1925-2003) // Irenikon. - 2003.
Dиs les origines du monastиre d'Amay - voire dиs avant sa fondation - les moines de notre communautй ont cherchй des contacts avec des reprйsentants des Eglises orthodoxes d'Orient. Pour le fondateur du monastиre, le P. Lambert Beauduin, des contacts personnels (rencontres, sйjours, йchanges йpistolaires, colloques thйologiques et spirituels, priиre commune) йtaient la voie mкme du rapprochement, le chemin vers l'unitй. Comme il йcrivait dans un des premiers numйros d'Irйnikon, il s'agissait “ de trouver des voies de communication, d'йtablir des contacts de plus en plus profonds, de rapprocher les esprits et les cњurs dans la confiance et dans l'amour” [1]. Pour cela il fallait exclure, disait-il, tout prosйlytisme, toute tentative “d'acheter” les Frиres sйparйs par les њuvres de charitй, et toute conception impйrialiste de l'unitй religieuse [2]. Au contraire, l'Occident devait se mettre “ а l'йcole de l'Orient” [3], non pas en imitant les formes extйrieures (en byzantinisant les uns ou en latinisant les autres) [4], mais en opйrant “un rapprochement dans l'вme”. Il fallait d'abord “rйaliser une rйconciliation des esprits et des cњurs”; il fallait d'abord “ connaоtre, comprendre, estimer, aimer nos Frиres sйparйs” [5].
Parmi ces Eglises d'Orient, l'Eglise orthodoxe russe a occupй de fait, dиs le dйpart, une place privilйgiйe. Les autres Eglises orthodoxes n'ont, certes, pas йtй oubliйes. Pensons seulement aux contacts intenses et multiples de notre communautй avec l'Eglise de Grиce dиs les annйes Trente, ou avec l'Eglise de Roumanie, l'Eglise copte et l'Eglise armйnienne а partir des annйes Soixante-dix. L'Eglise anglicane et les autres Eglises de la Rйforme n'ont pas йtй absentes non plus de la recherche de l'unitй ecclйsiale par le P. Lambert. Mais en ces premiиres annйes de la fondation, l'Eglise de Russie йtait en quelque sorte au centre de l'intйrкt. En tйmoignent l'adoption du rite byzantino-slave dans la communautй а cфtй du rite latin, ou encore la plupart des contributions de la nouvelle revue Irйnikon.
Cet intйrкt privilйgiй pour l'Eglise russe s'explique, bien sыr, par les circonstances politiques et culturelles de l'йpoque: depuis la Rйvolution russe la plus grande des Eglises orthodoxes йtait aussi la plus persйcutйe. Des dizaines de milliers de ses fidиles avaient trouvй refuge en France, en Allemagne et en Belgique. Cette premiиre йmigration russe connaissait souvent bien la culture occidentale et ne lui йtait pas hostile. Les meilleurs philosophes religieux et thйologiens russes de l'йpoque en faisaient partie et un dialogue avec eux semblait tout а fait possible et plein d'espйrance.
L'adoption du rite slave au monastиre, а cфtй du rite latin, йtait aussi une maniиre de partager, dans la priиre, le sort tragique des innombrables moines et moniales persйcutйs de Russie, dont le P. Lambert se sentaient particuliиrement proche [6]. Dans la recherche de l'unitй ecclйsiale, les moines devaient jouer d'ailleurs, а ses yeux, un rфle de prйcurseurs. Pour le P. Lambert, “la vie monastique, commune aux deux Eglises et antйrieure а toutes les sйparations, est comme le point de moindre rйsistance pour une interpйnйtration des Eglises” [7]. Aprиs un pиlerinage а la Laure de Potchaпev, pour la fкte de l'Annonciation, en avril 1925, six mois avant la fondation de la communautй а Amay, le P. Lambert prit dйjа la ferme rйsolution: “ Nos moines iront en Orient sur place. Des orientaux seront invitйs а faire de longs sйjours chez nous. Nous nous appliquerons par une comprйhension mutuelle а йtablir trиs exactement tout ce qui nous unit - et presque tout nous unit ! - et а bien comprendre le peu qui nous sйpare. Les voies de la rencontre et de la rйconciliation une fois aplanies, Dieu fera le reste” [8].
Dans l'histoire des contacts de notre communautй avec l'Eglise orthodoxe russe, on pourrait distinguer trois pйriodes successives, dont pourtant aucune ne supprime la prйcйdente. La premiиre pйriode, qui va de la fondation en 1925 jusqu'en 1960, est une pйriode de dйcouvertes et d'apprentissage; les contacts, йchanges et amitiйs se limitent presque exclusivement а l'Eglise russe en Occident (paroisses, monastиres, penseurs et thйologiens). La deuxiиme pйriode commence avec la nomination de Mgr Basile Krivochйпne а Bruxelles en 1960, les prйparations de Vatican II et les rencontres avec Mgr Nikodim (Rotov). C'est l'йpoque du dialogue њcumйnique et thйologique officiel, des contacts avec la hiйrarchie et le clergй de l'Eglise en Russie mкme, avec l'Acadйmie de thйologie de Leningrad; l'йpoque aussi des premiers voyages en Russie. Les contacts de la premiиre pйriode ne s'arrкtent pourtant pas mais s'approfondissent et s'йlargissent en mкme temps. La troisiиme pйriode commence avec les cйlйbrations du Millйnaire du Baptкme de la Rous' en 1988 (en pleine perestroпka) et elle continue jusqu'а aujourd'hui. C'est l'йpoque d'une nouvelle libertй religieuse, une йpoque oщ nous dйcouvrons la vie concrиte de l'Eglise orthodoxe en Russie mкme, а tous les niveaux, sous ses diffйrentes formes et avec ses difficultйs propres: vie familiale, paroissiale, communautaire, monastique, hiйrarchique, etc. De nouveau, les deux pйriodes prйcйdentes se poursuivent, en quelque sorte, parallиlement; leurs acquis ne sont pas supprimйs mais portent des fruits, parfois de maniиre inattendue. Nous continuons а nous rйjouir de l'amitiй et de la confiance des Orthodoxes en Occident aussi bien que de la hiйrarchie en Russie.
I. PREMIИRE PERIODE : 1925 - 1960
En йtй de 1926, quelques mois seulement aprиs la fondation du monastиre d'Amay, une occasion idйale de collaboration monastique semblait s'offrir а la jeune communautй. L'antique monastиre russe de Petchory (alors en Estonie) cherchait а offrir а l'Eglise d'Estonie le cadre d'un sйminaire pour la formation du clergй orthodoxe. Mais coupй de la Russie et expropriй de la plupart de ses terres par le gouvernement estonien, le monastиre devait chercher lui-mкme de l'aide ailleurs pour rйaliser son projet. Un jeune йtudiant, qui passait alors ses vacances d'йtй а Petchory, Serge N. Bolshakoff, avait entendu parler de la nouvelle fondation d'Amay et eut l'idйe d'йcrire une longue lettre au P. Lambert Beauduin pour solliciter son secours. Aprиs s'кtre prйsentй et avoir longuement expliquй les problиmes de Petchory et de l'Eglise orthodoxe en Estonie il conclut:
“Si un saint dйsir vous inspire d’aider de maniиre dйsintйressйe les frиres souffrants en Orient et d’entrer en contact fraternel et amical avec la hiйrarchie orthodoxe, alors prenez part а ses efforts pour fonder ici un sйminaire et former ses futurs pasteurs ; aidez-les de maniиre spirituelle et matйrielle” [9].
Dans sa rйponse [10], le P. Lambert Beauduin proposa d'envoyer sans tarder а Petchory une petite dйlйgation de ses moines instruits pour discuter avec l'Abbй de Petchory les formes concrиtes que leur aide pouvait prendre. En mкme temps les moines d'Amay pourraient s'y initier pendant quelques mois а la vie monastique de l'Eglise orthodoxe russe.
Un mois plus tard, l'Abbй de la Laure, l'йvкque Ioann (Bouline) de Petchory, йcrivit une lettre personnelle [11] au P. Lambert pour lui exprimer toute sa reconnaissance:
“Je partage pleinement les belles vues du P. David (Balfour) sur les moyens d’un rapprochement fraternel entre les fidиles orthodoxes et les fidиles catholiques, affligйs toujours tous les deux des divisions qui existent entre les enfants de la seule Eglise universelle du Christ. Je suis toujours prкt, selon la pensйe de notre Eglise qui prie tous les jours pour la paix du monde entier, le bien-кtre des saintes Eglises de Dieu, et l’unitй de tous, а travailler а rйaliser le rйtablissement de cette communion entre les parties orientale et occidentale de la seule Eglise universelle du Christ, qui a йtй interrompue par les agissements de l’ennemi de notre salut.
“Cette њuvre demande une connaissance mutuelle intime, un amour et comprйhension fraternels dans le Christ, et une prйparation soigneuse, peut-кtre mкme de plusieurs gйnйrations.
“Je serai trиs content de recevoir chez moi au monastиre, en qualitй de chers hфtes, vos moines, pour traiter personnellement avec eux les questions soulevйes dans la lettre de M. Bolshakoff, et pour leur offrir la possibilitй de connaоtre la vie du monachisme et de l’Eglise orthodoxe russe.
“Avec une parfaite estime et un profond respect а votre йgard,
Evкque Ioann ”.
D’une meilleure rйponse, tout а fait en accord avec ses propres idйes, le P. Lambert n'aurait pu rкver ! Il espиre envoyer deux ou trois de ses moines dйjа dйbut novembre. Dans une lettre inattendue [12], l'йvкque Ioann de Petchory lui demande cependant d'ajourner leur arrivйe jusqu'au mois de janvier 1927, en s'excusant de tout son cњur pour ce contretemps:
“A cause de circonstances tout а fait inattendues, indйpendantes de notre volontй et extrкmement dйsagrйables, il faut ajourner le voyage de votre dйlйgation de sorte qu’elle arrive а Pйtchory dans la deuxiиme moitiй de janvier 1927. Je ne peux pas vous donner de dйtails; M. Serge Bolshakoff qui se prйpare а profiter de votre hospitalitй en sait quelque chose. Je demande beaucoup de ne pas vous attrister а cause de ce sйjour ajournй de votre vйnйrable dйlйgation et d’agrйer l’assurance de ma profonde estime а votre йgard… ”.
Entre temps, les passeports йtaient dйjа faits, les visas obtenus et mкme le mйtropolite Alexandre (Paulus) de Tallin s'йtait dйclarй d'accord pour recevoir les moines d'Amay.
Malheureusement, aucun des moines d'Amay ne partirait... Les raisons inattendues de l'ajournement du voyage et finalement de l'annulation de tout le projet de collaboration entre Amay et Petchory restent encore peu claires aujourd'hui. Serge Bolshakoff y revient plus tard dans ses mйmoires : son projet de collaboration, disait-il, йtait “ trиs courageux pour son temps, osй mкme, mais en tout cas prйcoce... j'йtais jeune encore, sans expйrience et naпf ”. Dans son enthousiasme, il avait informй de son projet le mйtropolite Antonij Khrapovitskij (son pиre spirituel) et plusieurs autres йvкques de l'йmigration. Finalement, le mйtropolite Euloge (Gйorgievskij) de Paris aurait mis le mйtropolite Alexandre de Tallinn en garde contre une telle collaboration avec les Bйnйdictins belges dont la nouvelle fondation n'avait pas encore fait ses preuves [13].
Mais les moines d'Amay ne se dйcouragиrent pas. D'autres possibilitйs s'offrirent. En automne de 1927 (de septembre а dйcembre), un des premiers moines d'Amay, le P. Thйodore Belpaire, est envoyй faire un stage de trois mois dans les monastиres russes du Mont Athos. Originaire d'une famille de la haute bourgeoisie anversoise, docteur en philosophie et en sciences physiques, devenu moine а l'вge de quarante-quatre ans, il est accueilli pendant plus d'un mois au skite russe de Saint-Andrй. L'higoumиne, l'archimandrite Mйtrophane, l'entoure de sa prйvenance et de sa sollicitude. Le moine bйnйdictin est invitй а assister aux offices dans le chњur des moines, а travailler dans le jardin et dans la bibliothиque, on veille sur sa santй et on lui confectionne mкme un nouveau rason et une skoufia. Si malgrй tout il ressent parfois la barriиre culturelle et spirituelle qui le sйpare encore de “ces вmes simples qui se contentent de leur travail et de leurs priиres”, il dit en mкme temps “ faire le plus agrйable sйjour que l'on puisse rкver” - un sйjour, en tout cas, qui le marquera pour le reste de sa vie. Ceux qui l'ont connu plus tard comme Prieur d'Amay et de Chevetogne ont tous йtй йdifiйs par son humilitй, sa vie de priиre, sa pauvretй personnelle et son attachement а la tradition spirituelle de l'Eglise orthodoxe.
Aprиs lui, bien d'autres moines de notre communautй ont fait des sйjours plus ou moins prolongйs au Mont Athos [14]. Au Monastиre de Pantйlйimon, les moines d'Amay firent alors la connaissance du jeune hiйromoine Basile Krivochйпne, qui leur offrit toujours un accueil cordial et resta ami de la communautй jusqu'а la fin de ses jours. On ne peut sousestimer l'importance de ces sйjours monastiques pour les premiers moines d'Amay. Dans cette “йcole de l'Orient” ils avaient encore tout а apprendre: la langue et les usages liturgiques, le chant, une autre culture monastique, et l'hospitalitй mкme de l'Orient. Jusqu'а aujourd'hui nous en demeurons redevables et reconnaissants а leur йgard.
Il va de soi que les contacts du monastиre d'Amay avec l'Eglise orthodoxe russe dans ces premiиres annйes aprиs la fondation se limitaient, par la force des choses, а l'Eglise de l'йmigration. Trиs vite, le monastиre s'y fit connaоtre grвce а la revue Irйnikon. Les premiиres rйactions orthodoxes а la nouvelle publication furent positives, voire enthousiastes [15] et bientфt Irйnikon pouvait offrir ses pages aux Orthodoxes mкmes. Avant la deuxiиme guerre mondiale y publiиrent notamment le P. Serge Tchetverikov[16] (1927 [17]), Nicolas Sergeevitch Arsйniev [18] (1928), Valйrij Sergeevitch Vilinskij [19] (1928), le diacre Georges V. Tsйbrikov [20] (1927), Ivan Arkadievitch Lagovskij [21] (1928), le P. Serge Boulgakov (1931), Nicolas Zernov (1935), Serge Bolshakov (1936), Michel Zyzykin [22] (1936), Myrrha Lot-Borodine (1936), Lйon Zander (1937), Georges Fedotov (1938), Semлn Frank (1938), Basile Zenkovskij (1939), et d'autres moins connus. Un autre ami de la premiиre heure (qui pourtant ne publia pas dans Irйnikon) fut le jeune prince Dmitri Aleksййvitch Shakhovskoj, qui devint plus tard l’йvкque Ioann de San-Francisco aux Etats-Unis. Il fit la connaissance des futurs moines d'Amay (Olivier Rousseau et Clйment Lialine, notamment) lorsque au dйbut des annйes Vingt il йtudia а Louvain grвce а une bourse obtenue du cardinal Mercier [23].
Comme on peut le constater, beaucoup de ces auteurs enseignиrent а l'Institut de thйologie Saint-Serge а Paris ou furent actifs dans l'Association chrйtienne des йtudiants russes (ACER/RSXD) en France. Les Pиres Lev Gillet, David Balfour et Andrй de Lilienfeld d'abord, le P. Clйment Lialine surtout par la suite [24], entretinrent avec eux des contacts intenses et durables [25] ce qui crйa entre l'Institut Saint-Serge et la communautй d'Amay/Chevetogne des liens d'amitiй, de collaboration et d'йchanges qui continuent jusqu'а aujourd'hui. En 1952, le P. Lambert Beauduin participa avec le P. Bernard Botte de Louvain et les PP. Cyprien Kern et le P. Nicolas Afanassieff de Paris а la crйation des cйlиbres “ semaines d'йtudes liturgiques ” de l'Institut Saint-Serge. Depuis 1947 dйjа, des professeurs de Saint-Serge йtaient invitйs chaque annйe aux “semaines d'йtudes њcumйniques” de Chevetogne fondйes par le P. Clйment Lialine pendant la guerre, en 1942.
Depuis la fin des annйes Vingt, Irйnikon publia aussi une chronique de plus en plus dйtaillйe de la vie de l'Eglise russe, de mкme qu’une “ revue des revues ” (obzor zhurnalov) et des recensions oщ le P. Clйment Lialine rйsumait et analysait а peu prиs tout ce que l'йmigration russe publiait dans le domaine thйologique et philosophique. Dans ces chroniques et analyses, comme dans le choix de ses amis, le monastиre essaya toujours de se tenir hors des conflits internes de l'Eglise russe, entre ses diffйrentes factions ou juridictions [26].
Il va de soi que la revue Irйnikon profita а son tour de cet йlargissement des contacts parmi les thйologiens de l'Eglise orthodoxe de l'йmigration. Citons simplement quelques noms de thйologiens orthodoxes russes qui, aprиs la deuxiиme guerre mondiale publiиrent dans la revue des moines de Chevetogne [27]: Nicolas Afanassieff (1962;5), Mgr Basile Krivochйпne (1966;2), Boris Bobrinskoy (1959;2), Serge Bolshakoff (1955;1), Vitalij Borovoj (1966;1), Mgr Cassien Bezobrazov (1951;2), Paul Evdokimov (1950;1), Georges Florovskij (1949;3), Cyprien Kern (1947;5), Alexis Kniazeff (1955;3), Pierre Kovalevskij (1967;1), Nicolas V. Lossky (1992;2), Jean Meyendorff (1955;3), Alexandre Schmemann (1954;2), Thйodose Spasskij (1957;1).
II. DEUXIИME PЙRIODE: 1960-1988
Vers 1960, trois йvйnements importants annoncиrent une nouvelle pйriode pour les relations de notre monastиre avec l'Eglise orthodoxe russe. Le 25 janvier 1959, quelques mois aprиs son йlection, le pape Jean XXIII annonзa la convocation d'un nouveau concile њcumйnique : le concile de Vatican II. Dom Lambert Beauduin jubila: avant la guerre, Jean XXIII avait visitй la communautй d'Amay et partageait beaucoup de ses idйes. Des observateurs orthodoxes seraient invitйs au Concile et pourraient y faire entendre leur voix. Quelques moines de Chevetogne, en rйsidence а Rome, allaient suivre le Concile de prиs ou collaborer comme conseillers d'йvкques ou rйdacteurs des dйcrets conciliaires.
La mкme annйe 1959, un vieil ami de la communautй, l'archimandrite Basile Krivochйпne fut ordonnй йvкque et nommй, l'annйe suivante (le 31 mai 1960), archevкque de Bruxelles et de Belgique. Lorsqu'il йtait moine au Mont Athos, de 1925 а 1947, il s'йtait liй d'amitiй avec les moines d'Amay en visite а la Sainte Montagne. Devenu prкtre de paroisse а Oxford en 1951, il venait parfois leur rendre visite а Chevetogne pour leur parler de l'Eglise en Russie ou de ses recherches patristiques.
Un troisiиme йvйnement marqua le dйbut d'une nouvelle йpoque pour l'Eglise de Russie et ses relations extйrieures: la consйcration йpiscopale de Nikodim (Rotov), le 10 juillet 1960, et sa nomination comme prйsident du Dйpartement des relations extйrieures du patriarcat de Moscou [28]. L'annйe suivante, en juin 1961, l'Eglise russe demanda son admission au Conseil oecumйnique des Eglises (COE) [29].
Par contre, les premiиres rйactions du patriarcat de Moscou а la convocation du Concile Vatican II et а l'invitation romaine d'y envoyer des observateurs orthodoxes semblaient trиs nйgatives. En mai 1961, un article anonyme du Zhurnal Moskovskoj Patriarkhii avait rйagit par un non possumus catйgorique. L'auteur s'opposait aux prйtentions d'hйgйmonie mondiale de l'Eglise catholique et craignait que le Concile devоnt “ une arme destinйe а atteindre des buts politiques incompatibles avec l'esprit du christianisme ”. Concrиtement, le patriarcat de Moscou craignait que le Concile n’attaque ouvertement l'Union soviйtique.
Parmi les Catholiques qui ont essayй de convaincre l'Eglise russe de l'importance de leur participation au Concile, les moines de Chevetogne ont jouй un rфle non nйgligeable.
Ainsi, le 2 avril 1962, neuf mois avant l'ouverture du Concile, le Prieur de Chevetogne, le P. Thomas Becquet, se rendit spйcialement а Paris pour rencontrer Mgr Nikodim [30] et le convaincre d'envoyer des observateurs. Dans le mкme but, Serge Bolshakoff organisa, au mois d'aoыt de la mкme annйe, а Metz (France), une rencontre entre le cardinal Tisserant, Mgr Nikodim et Mgr Basile Krivochйine. Au repas qui prйcйdait l'entrevue privйe des trois hiйrarques йtait invitй йgalement le P. Thйodore Strotmann de Chevetogne [31]. Comme l'on sait, ces initiatives, et bien d'autres, contribuиrent а la dйcision du Saint-Synode de Moscou d'accepter in extremis l'invitation de Rome et d'envoyer comme observateurs au Concile l'archiprкtre (protoierej) Vitalij Borovoy et l'archimandrite Vladimir Kotliarov, actuellement mйtropolite de Saint-Pйtersbourg. Aprиs la premiиre session du Concile, le 27 dйcembre 1962, Mgr Nikodim et Mgr Basile vinrent spйcialement en visite а Chevetogne pour exprimer leur reconnaissance, leur amitiй et leur confiance, et cйlйbrer, malgrй le froid trиs intense et la neige, une pannychide sur les tombes du P. Lambert Beauduin et du P. Clйment Lialine.
Les deux grands hiйrarques, Mgr Nikodim en Russie et Mgr Basile en Belgique, nous firent connaоtre en Russie et nous firent dйcouvrir en mкme temps l’Eglise russe renaissante des annйes Soixante et Soixante-dix, en particulier celle des Acadйmies de thйologie de Moscou et de Leningrad. Ce serait trop long d'йnumйrer ici les йvкques ou autres reprйsentants de l'Eglise russe qui vinrent а Chevetogne grвce а Mgr Basile et Mgr Nikodim [32]. Mgr Nikodim lui-mкme revint une deuxiиme fois а Chevetogne en 1972, dix ans aprиs sa premiиre visite, cette fois-ci pour cйlйbrer une Liturgie byzantine solennelle dans l'йglise de notre monastиre [33]. Un an aprиs, en 1973, il montra toute son affection а l'йgard du monastиre en invitant trois moines de la communautй en Russie pour un pиlerinage d'une dizaine de jours а Moscou, Leningrad, et Pskov. Parmi eux, il y avait le prieur Michel Van Parys et l'ancien prieur Nicolas Egender. Comme le notait ce dernier dans son rйcit de voyage:
“Mgr Nikodim voulait par lа rendre l'hospitalitй que l'Eglise russe avait reзue а Chevetogne. En fait, elle l'a rendue en dix jours au-delа de ce que nous йtions capables de faire en dix ans. Nous devions ressentir tout au long de ce sйjour et jusque dans les rencontres les plus officielles qu'un lien solide de fraternitй authentique nous unissait, lien forgй dans la patience des 50 ans de notre existence, dans la confiance rйciproque et la foi commune en l'unitй” [34].
En effet, non seulement ils furent reзus en audience privйe par le patriarche Pimиne, mais celui leur bйnit pour cйlйbrer une Liturgie а la Laure de la Trinitй-Saint-Serge (en l'йglise de N.D. de Smolensk) et dans une chapelle de l'Acadйmie de thйologie de Leningrad. De cette йpoque datent йgalement les liens d'amitiй profonds et durables avec nombre de professeurs de l'Acadйmie de Leningrad. Certains moines de notre communautй (comme le P. Emmanuel Lanne ou le P. Michel Van Parys) les retrouvиrent d'ailleurs а des rencontres њcumйniques internationales auxquelles ils participaient durant cette pйriode.
Rappelons, enfin, que c'est en partie grвce а l'engagement њcumйnique de notre monastиre au niveau national qu'en 1985 les Eglises orthodoxes en Belgique ont йtй officiellement reconnues par l'Etat au mкme niveau que les autres Eglises chrйtiennes (catholique, anglicane, protestante) et le Judaпsme, ce qui en Belgique a des consйquences de grande portйe. Dйsormais, en effet, c'est l'Etat belge qui assure les salaires des йvкques orthodoxes, des prкtres de paroisses, des aumфniers de prisons ou de l'armйe, des professeurs de religion orthodoxe dans l'enseignement officiel, etc.
TROISIИME PERIODE : 1988 - AUJOURD'HUI
Le Millйnaire du Baptкme de la Rous' en 1988 a inaugurй la troisiиme pйriode de nos relations avec l'Eglise orthodoxe en Russie. En effet, c'est dans l'atmosphиre euphorique d'une timide libertй religieuse, qu'un de nos moines, le P. Maxime Gimenez (alors maоtre de notre chњur byzantin), put participer а la troisiиme Confйrence internationale scientifique pour le Millйnaire de la Rous', qui se tint а Leningrad en fйvrier 1988. Il y retrouva, bien sыr, les anciens amis de Chevetogne, mais il y fit aussi la connaissance de quelques Orthodoxes dont l'amitiй dйvouйe et inconditionnelle allait renouveler et йlargir considйrablement nos relations avec l'Eglise orthodoxe russe, au-delа de ce qui avait йtй possible jusqu'alors. Nous pensons ici particuliиrement, et avec une trиs grande reconnaissance, а Natalia Yourievna Sakharova et а son mari Igor Vasilievitch, les organisateurs de ce colloque. Nйe en France, Natalia Yourievna a connu dans son enfance les mкmes grandes figures de l'йmigration russe qui ont marquй aussi les premiers moines d'Amay. Rentrйe en Russie avec ses parents, aprиs la guerre, aprиs une vie difficile, elle a retrouvй avec son mari, une foi fervente au monastиre de Petchory, puis а l'Acadйmie de thйologie de Leningrad, а l'йpoque oщ Mgr Nikodim et Mgr Cyrille de Smolensk y renouvelaient la vie liturgique. Elle йtait particuliиrement prйparйe pour comprendre les moines de Chevetogne et leur idйal. Grвce а elle, son mari, ses amis et ses йtudiants, notre communautй a pu dйcouvrir au cours des quinze derniиres annйes des dimensions de l'Eglise russe qui nous avaient largement йchappй pendant les deux pйriodes prйcйdentes, а savoir: les richesses et les difficultйs de la vie familiale, paroissiale, communautaire et intellectuelle dans l'Eglise orthodoxe. Grвce а elle nous avons fait la connaissance - et nous sommes devenus amis - de Sergueп S. Averintsev, du P. Zйnon а Pйtchory, du P. Alexandre Sorokine, du P. Georges Kotchetkov et de sa Fraternitй, de sa propre petite communautй d'amis fidиles auprиs de l'Acadйmie de thйologie, et de tant d'autres. En un mot: grвce а elle et son mari, grвce aussi а leurs amis, nous avons pu dйcouvrir la vie de l'Eglise orthodoxe comme elle est rйellement aujourd'hui en Russie, avec ses richesses et ses souffrances.
En mкme temps, heureusement, les acquis des deux pйriodes prйcйdentes n'ont pas йtй perdus: nous gardons les meilleures relations avec les Orthodoxes de l'йmigration (en Belgique et en France) et nous gardons la confiance et l'amitiй de la hiйrarchie en Russie mкme. Il suffit de rappeler qu'au cours des dix derniиres annйes nous avons а plusieurs reprises accueilli а Chevetogne, а la demande de la hiйrarchie russe, des sйminaristes orthodoxes pour un temps prolongй, afin de leur permettre d'apprendre le franзais et de dйcouvrir la vie de l'Eglise en Belgique. De mкme, des professeurs ou jeunes thйologiens de diffйrents instituts de thйologie en Russie sont venus travailler dans notre bibliothиque. Nous entretenons d'excellents rapports d'amitiй et de collaboration avec Mgr Simon (Ishounine) de Bruxelles et son clergй en Belgique, ou encore avec Mgr Ilarion (Alfeyev) de Podol'sk, reprйsentant du patriarcat de Moscou auprиs de la Communautй europйenne.
CONCLUSION: QUELLE QUATRIИME PЙRIODE ?
La conclusion peut кtre brиve.
Les multiples contacts de notre monastиre avec l'Eglise russe ont toujours йtй (et demeurent encore aujourd'hui) un enrichissement immense pour notre communautй dans tous les domaines de la vie chrйtienne, humaine et monastique. Les moines de Chevetogne ont toujours eu l'impression d'avoir reзu davantage qu'ils n'ont pu donner eux-mкmes. Si nous avons pu donner quelque chose de nous-mкmes, enrichir nos frиres orthodoxes, ce n’est pas а nous de le dire, ni mкme de le savoir. Par contre, ce que nous avons reзu, nous espйrons ne pas l'avoir gardй pour nous-mкmes. Nous espйrons avoir pu transmettre quelque chose de notre amour de l'Orient aux chrйtiens d'Occident.
Le but de la fondation, pour le P. Lambert, йtait de “ connaоtre, comprendre, estimer, aimer nos Frиres sйparйs ”. Sommes-nous arrivйs au bout ? Certainement pas: on ne connaоt, ne comprend, n'estime et n'aime son frиre jamais assez. Aprиs les trois pйriodes esquissйes, nous pourrions facilement nous imaginer encore d'autres pйriodes. Nous pourrions, par exemple, dйvelopper davantage les relations avec les monastиres en Russie. C’est certainement un de nos rкves. Mais comme dans le passй, nous devrons nous laisser guider, ici encore, par le Saint-Esprit qui nous montre la voie et nous unit dйjа dans le seul Seigneur.
Notes
1) Dom Lambert Beauduin, Dans quel esprit nous voudrions travailler, dans: Irenikon 1926, N° 2 (mai), p. 117.
2) Ibidem p. 117-119.
3) Cf. Dom Lambert Beauduin, L'Occident a l'ecole de l'Orient, dans Irenikon 1926, p. 10-20; 65-73.
4) Cf. De quoi s'agit-il ? dans Irenikon 1926 N° 1, p. 4-10.
5) A nos Lecteurs, dans idem, p. 2.
6) En conclusion de son recit d'Une visite a la laure orthodoxe de Potchaiev, le P. Lambert Beauduin medite avec nostalgie: " Nous pensons a l'unite dans le Christ, au grand passe du monachisme russe, a l'avenir qui lui est reserve... Nous songeons aux magnifiques possibilites de ce monachisme russe. Que sont devenues aujourd'hui les grandes laures russes ? ", et il renvoie a Dostoievski en disant: " Le salut du peuple russe ne serait-il pas dans ce monachisme, issu spontanement du peuple russe et resumant ce que l'ame religieuse russe a de meilleur ? ", dans: Pages de Gloire, Liege-Bruges, 1927-1928, pp. 48-56 (repris dans La Lettre de Chevetogne 2000, N° 1-2, p. 16-25).
7) A nos Lecteurs, dans Irenikon 1926, N° 1, p. 3. Il exprime la meme idee dans son recit d'Une visite a la laure orthodoxe de Potchaiev, o.c., p. 56.
8) Une visite a la laure orthodoxe de Potchaeiv..., ibidem.
9) Archives Amay-Chevetogne (= AAC), Lettre de S. Bolshakoff au P. Lambert Beauduin du 16 aout 1926.
10) Par l'intermediaire de son secretaire, le P. David Balfour, qui maitrisait bien le russe.
11) AAC, lettre de Ioann (Bouline) de Petchory au P. Lambert Beauduin, 25 septembre 1926.
12) AAC, Lettre de l'eveque Ioann Bouline au P. Lambert Beauduin, du 16 novembre 1926.
13) Pour plus de details, voir: Antoine Lambrechts, Een voorbarig project. Amay-sur-Meuse en Petsjory anno 1926, dans: Rusland - Belgie 1900-2000, honderd jaar liefde - haat. Antwerpen, 2000, p. 149-166.
14) Pensons seulement au P. David Balfour (qui y rencontra le starets Silouane et son disciple le P. Sophrony Sakharov, qui sont a l'origine de sa conversion a l'Eglise orthodoxe), au P. Irenee Doens, qui devint un grand specialiste du monachisme athonite, au futur maitre de ch?ur de Chevetogne, le P. Gregoire Bainbridge, qui passa plusieurs mois dans les monasteres russes du Mont Athos en 1951, et au P. Athanase Van Ruijven, qui sejourna au Monastere de Panteleimon en 1957 et en decrit la vie quotidienne dans Irenikon. Cf. Antoine Lambrechts, Pelerins benedictins au Mont Athos, dans Irenikon 71 (1998), p. 281-289. Idem, Russkie palomniki na Afone, dans: Monastyrskaja kul'tura: Vostok i Zapad. Sostavitel' E.G. Vodolazkin. Sankt-Peterburg, 1999. Sur le P. David Balfour, voir Arximandrit Sofronij, Podvig Bogopoznanija. Pis'ma s Afona (k D. Bal'furu), Moskva, 2002.
15) Voir les lettres de l'archipretre de Bruxelles Pierre Iswolsky (Irenikon 1926, p. 106-107), de Nicolas Arseniev (Ir. 1927, 233-234), d'Anton Kartashov (Ir. 1927, p. 234) et d'autres.
16) Il avait ete pretre de la fraternite de Nicolas N. Nepljuev a Vozdvizhensk de 1907 a 1920. Apres un temps en Yougoslavie, il devient en 1928 pretre de la paroisse du Russkoe Xristianskoe Studentcheskoe Dvizhenie (RSXD / ACER) a Paris.
17) Nous mettons chaque fois entre parentheses l'annee de leur premiere contribution a Irenikon.
18) Ancien professeur de l'Universite de Saratov, Emigre en 1920 il devient professeur a l'Universite de Koenigsberg et a la faculte de theologie orthodoxe de Varsovie jusqu'en 1938.
19) Historien, publiciste, comme son pere S.G. Vilinskij, professeur a la faculte de philosophie de l'Universite T.G. Masaryk a Brno. Membre de l'Academie de Velehrad. Auteur d'etudes sur l'actualite et l'histoire de l'Eglise. Ami du P. Andre de Lilienfeld a qui il dedicacait ses livres.
20) Diacre orthodoxe, dirigea le cercle orthodoxe Saint Jean Chrysostome de Bruxelles, collabora a la revue parisienne Put' (La Voie), et a la revue litteraire de tendance eurasienne Le bienveillant fondee en 1925 par D.A. Shakhovskoj. Plus tard il devint catholique, cf. Irenikon 1934, p. 217.
21) I.A. Lagovskij (1888-1941), Apres ses etudes a Prague en 1926, il devient membre du RSXD et enseignant a l'Institut Saint-Serge a Paris. Membre de la redaction du Vestnik RSXD. En 1933 il partit a Tartu (Estonie) ou il dirigea le RSXD de 1934 a 1939. Fusille par les Sovietiques le 3 juillet 1941.
22) Michel Vasilievitch Zyzykin (1880-1960), Historien, professeur a la faculte de theologie a Varsovie, Auteur d'une these monumentale sur le patriarche Nikon.
23) Cf. Arxiepiskop Ioann Shakhovskoj, Biografija junosti. Unstanovlenie edinstva. Paris, YMCA-Press, 1977.
24) Des son entree au monastere en 1928.
25) La correspondance de ce dernier en temoigne.
26) Il suffit de se rappeler que les plus anciens moines de notre communaute (P. Nicolas Egender, P. Emmanuel Lanne) comptent parmi leurs amis plusieurs generations de la famille Lossky restee fidele au patriarcat de Moscou (le philosophe Nicolas Onufrievitch; les theologiens Vladimir Nicolaevitch et Nicolas Vladimirovitch, le liturgiste Andre Nicolaevich...) , ou encore que le P. Lambert Beauduin, a l'epoque de son exil en France, enseigna pendant un certain temps (1945) a l'Institut de theologie orthodoxe francais Saint-Denys, fondee par les freres Kovalevsky en 1944.
27) Entre parentheses : l'annee de la premiere publication et le nombre d'articles publies entre 1945 et 2000.
28) D'abord eveque de Podol'sk (auxiliaire de Moscou), puis eveque de Jaroslavl et Rostov (23 nov. 1960), archeveque le 10 juin 1961; president de la commission synodale pour les relations entre chretiens le 3 juillet 1963; metropolite de Minsk le 5 aout 1963; metropolite de Leningrad le 9 oct. 1963.
29) En automne de la meme annee, elle put ainsi participer pour la premiere fois a la troisieme Assemblee generale du COE de New Delhi.
30) D'apres un rapport de A. Filippov, le chef du Conseil (gouvernemental, sovietique) pour les Affaires de l'Eglise orthodoxe russe (CAEOR), conserve dans les Archives d'Etat de la Federation russe (GARF, f. 6991, op. 2, d. 462, ll. 1-5) et redige sans doute entre mai et aout 1962, le P. Thomas Becquet aurait rencontre Mgr Nikodim a Geneve (sic) et lui aurait affirme que le Concile allait se reunir pour renouveler la vie de l'Eglise catholique et non pas pour s'occuper de questions politiques. Sans doute, avait-il ajoute, on ne pouvait exclure des interventions personnelles d'eveques en matiere politique, mais celles-ci resteraient des opinions personnelles et n'engageraient pas le Concile. (D'apres Adriano Roccucci, Russian Observers at Vatican II. The "Council for Russian Orthodox Church Affairs" and the Moscow Patriarcate between Anti-religious Policy and International Strategies, dans: A. Melloni, Vatican II in Moscow (1959-1965). Acts of the Colloquium on the History of Vatican II, Moscow, March 30 - April 2, 1995, Leuven, 1997, p. 62.
31) Cf. Emmanuel Lanne, La perception en Occident de la participation du Moscou a Vatican II, dans: A. Melloni, Vatican II in Moscow (1959-1965). Acts of the Colloquium on the History of Vatican II, Moscow, March 30 - April 2, 1995, Leuven, 1997, pp. 111-128.
32) Par ex.: l'eveque Ioann (Wendland), exarque de l'Europe occidentale (1962), l'archipretre Michail Slavnitskij de SPb (1962, 1965), l'archimandrite Sofronij Sakharov (1963), l'archipretre Liverij Voronov de SPb (1967, 1968, 1969, 1971), eveque Juvenalij (Pojarkov) de Zaraisk (1968; comme metrop. de Krutitsy en 1987 + celebration de la Liturgie), Ioann (Shakhovskoj) de San-Francisco (1968), hieromoine Kirill (Gundjaev) (1969), metropolite Antonij (Bloom) de Surozh (1969), metropolite Alexis (Ridiger) de Tallin (1970), archeveque Antoine (Mel'nikov) de Minsk (1971), l'eveque Michail (Mud'jugin) d'Astrakhan (1971), metropolite Nikodim (Rotov) de Leningrad (1962, 1972 + celebration de la Liturgie), l'eveque Seraphim (Rodionov) de Zurich (1972), l'archeveque Pitirim (Nechaev) de Volokolamsk (1973), metropolite Philarete (Denisenko) de Kiev (1974), metropolite Philarete (Vakhromeev) de Berlin (1975, 1980: metr. de Minsk). Apres la mort de Mgr Nikodim (1978): l'archeveque Nikodim (Rusnak) de Kharkov (1980), metropolite Vladimir (Sabodan) de Rostov (1984, 1987), eveque Longin (Talypin) de Dusseldorf (1985), l'archeveque Melchisedek (Lebedev) de Sverdlovsk (1987, avec Mgr Juvenalij), etc.
33) Ce que le metropolite Juvenalij de Krutitsy fit a son tour en 1987, dans le cadre d'une rencontre avec Pax Christi international.
34) Lettre de Chevetogne 1974, N° 1, p. 6-13.
P. Antoine Lambrechts
Monastиre de Chevetogne
Mai 2003